Imaginons le futur grâce à la pensée cartographiée

animé pâr Jean-Michel Cornu - retour à la liste des ateliers

Comment imaginer le futur ? Pour cela il est intéressant de sortir des sentiers battus. La pensée cartographiée permet d'explorer des possibles. On la retrouve dans les schémas heuristique (mind mapping) mais également dans "l'art de la mémoire" qui est particulièrement puissant. On peut explorer aussi bien les autres pistes pour sortir d'un conflit, que des possibles pour tenter de ne pas seulement imaginer le futur mais l'inventer. Cette "pensée 2" est utilisable seul mais est particulièrement efficace en groupe car c'est le mode de pensée de l'intelligence collective.
Dans l'atelier, nous chercherons à explorer collectivement de nouveaux futurs désirables.

Une promenade en forêt ensemble ?

Imaginez que nous souhaitions explorer ensemble une forêt, il y a plusieurs façons de faire
  • 1 Tout le monde suit le leader
    • Mais on ne va pas faire beaucoup plus que l'intelligence individuelle du leader...
  • 1 Chacun explore un chemin différent
    • On peut explorer beaucoup plus de la forêt
    • Mais le soir quand on demande qui a trouvé le chemin le plus intéressant, tout le monde répond "moi !"
    • chacun est resté sur son point de vue (on parle de vision egocentrée)
  • 1 Chacun explore un chemin différent et le partage sur une carte commune
    • Chacun à une vision commune de la carte (vue d'en haut), on parle de vision allocentrée

Cerveau gauche et cerveau droit

Notre cerveau est "latéralisé" pour certaines fonctions (les fonctions peuvent être différentes dans le cerveau droit et le cerveau gauche), mais contrairement à une croyance courante, le cerveau gauche n'est pas "rationnel" et le cerveau droit n'est pas "imaginatif" et "émotionnel" (Le neuroscientifique Antonio Damasio a montré dans "l'erreur de Descartes" que l'émotion est indispensable à la rationnalité...). Mais par contre certaines fonctions du cerveau gauche procèdent étapes par étapes (comme la deuxième version de notre promenade) alors que des fonctions de notre cerveau droit ont une approche "visuo-spatiale" ce qui veut dire qu'elles forment moins une chaîne unidimensionnelle mais plutôt une carte à deux dimensions comme dans la carte partagée de la troisième version de notre promenade en forêt (et encore cela est l'inverse pour 22% des gauchers et 12% des droitiers).

Ainsi notre méthode de pensée la plus courante (dans notre civilisation) procède par un enchaînement logique d'idées (chacun avance pas après pas en regardant le chemin se dérouler devant ses yeux comme dans la version 2 "egocentrée"), mais nous avons un deuxième mode de pensée qui nous permet d'avoir une vision d'ensemble (comme dans la version 3 "allocentrée"). Ces deux modes sont complémentaires mais le mode visuo spatial est particulièrement bien adapté à l'intelligence collective en permettant de "montrer le groupe au groupe". J'ai appelé ce mode, la "pensée 2 à la suite d'un livre d'Edward Bono qui était particulièrement novateur dans les années 90 avec une résolution des conflits par la créativité... et les schémas ... oui c'est bien le même Bono que celui des 6 chapeaux. On va retrouver ce mode de pensée cartographiant les idées dans le mind mapping (ou ou carte mentale ou schéma heuristique), dans la facilitation graphique, mais aussi dans l'art de la mémoire, particulièrement puissant mais encore peu connu.

L'art de la mémoire

Une des difficulté avec les cartes d'idées, est que notre cerveau les mémorise moins bien que les cartes physiques. Pour avoir une vision d'ensemble commune lors d'un débat, on peut projeter la carte mentale sur un écran. Mais à la fin de la séance, lorsque l'on arrête le vidéo projecteur, nous ne conservons que quelques éléments de la carte (en général entre 5 et 9 maximum) et nous arrêtons de penser.

La solution consiste à associer une carte d'idée à une carte physique (on parle de "loci", des lieux de mémoire). Une des premières traces dans notre civilisation est l'histoire de Simonide de Ceos
On trouve également l'art de la mémoire au moyen age où les moines utilisaient leur église pour y placer des idées (l'attaque dans la "statue de saint George et le dragon" ou la fuite dans le vitrail de "la fuite en Egypte" par exemple). Mais jusqu'à récemment on croyait qu'il s'agissait de placer les idées le long d'un parcours pour se rappeler par exemple les différentes étapes d'un discours ou d'un sermon. Mary Carruthers a montré qu'il s'agissait d'une carte qui permettait de relier n'importe quelle idée à n'importe quelle autre placée sur la carte (et donc de "penser" en reliant des idées).

Pour bien associer une idée ou un lieu

On peut très rapidement associer une idée à un lieu surtout si on imagine un lien entre eux (l'idée de fuir et le vitrail de "la fuite en égypte")
Mais surtout il faut que cette association soit "mémorable", pour cela cherchez un lien :
  • excessif
  • humoristique
  • clair
  • coloré
  • sonore
  • vivant
Dans les exemples ci-dessous, nous avons associé
  • le fait que des enfants participent aux rencontres co-construire à des tonneaux qui servaient de table près de l'entrée (apparemment peu de rapport) car nous avions vu les enfants jouer à cet endroit le premier jour et surtout nous imaginions entendre les enfants s'amuser et rire près de ces tonneaux.
  • la méthode de la main levée pour obtenir du silence au micro qui lui au contraire amplifie le son
A vous de vous amuser à trouver des liens plein d'humour et de vie !

Mise en pratique : Pensons la transition en croisant une vingtaine de concepts

Normalement nous ne pouvons penser qu'en croisant que cinq idées (ou plus exactement entre 5 et 9 idées - c'est ma taille d'une de nos mémoire de travail- pour ceux qui ont l'esprit le plus dégagé). En utilisant l'art de la mémoire sur le lieu de vie du forum des usages coopératifs, nous avons associé une vingtaine d'idée à des lieux sur ce sîte (de façon humoristique, exégarée, aimée...)
pensée cartographiée
Pour ceux qui ont participé à l'atelier : vous souvenez-vous des idées accrochées aux différents endroits du lieu de vie ? et comment nous les avons accrochées ? (par exemple les tiques qui tombent des arbres derrière le fablab pour l'idée de l'éthique ; ou plus trivialement, l'urgence avec les toilettes...)